dimanche

Dimanche poétik (8)


















Francis Carco

L'Ombre

(...)
Ton ombre est couleur de la pluie,
De mes regrets, du temps qui passe.
Elle disparaît et s'efface
Mais envahit tout, à la nuit.

Sous le métro de la Chapelle
Dans ce quartier pauvre et bruyant,
Elle m'attend, derrière les piliers noirs,
Où d'autres ombres fraternelles,
Font aux passants, qu'elles appellent,
De grands gestes de désespoir.

Mais les passants ne se retournent pas.
Aucun n'a jamais su pourquoi,
Dans le vent qui fait clignoter les réverbères,
Dans le vent froid, tant de mystère
Soudain se ferme sur ses pas...

Et moi qui cherche où tu peux être,
Moi qui sais que tu m'attends là,
Je passe sans te reconnaître.
Je vais et je viens, toute la nuit,
Je marche seul, comme autrefois,
Et ton ombre, couleur de pluie,
Que le vent chasse à chaque pas,
Ton ombre se perd dans la nuit
Mais je la sens tout près de moi...

La suite ------>(...)

Les dimanches poétiques sont une initiative de Celsmoon

lundi

Mamie Paulette


Quand mamie Paulette fait du café, elle sort toujours ses jolies tasses de porcelaine et immanquablement elle répète :
"Ma grand-mère les a eues pour son mariage, elles ont plus de cent ans, tu sais ?

Quand mamie Paulette se met à coudre, elle me raconte comme c'était dur l'apprentissage de son temps. Mais bon, c'était la guerre, et grâce à ça, elle avait été la jeune fille la plus élégante de Vignargue.

Quand mamie Paulette me regarde, elle s'exclame avec fierté: "Tu es tout le portrait de ma Valérie". Maman est blonde et dodue, sa peau ne bronze pas, même après des heures passées sur le tracteur... mais moi, je n'ai pas besoin de soleil pour avoir ce teint de cuir tanné, et seule la paume de mes mains est rosée.

Alors mamie Paulette me fait la bise et dit :
"Tu as pris la jolie couleur de ton papa, mais ça t'empêche pas d'être une vraie ardéchoise, va."

Quand j'étais petite, Mamie Paulette traversait tout le village en me tenant par la main. Les commerçants me regardaient avec curiosité. Et ils pensaient: "Elle a été adoptée, la petite des Soubeyrand? "

Alors, comme nous reprenions le chemin de la maison à petits pas, Mamie Paulette me confiait:
"Dans la famille, on a toujours été les premiers pour la modernité. On a eu le premier tracteur, la première télé, la première machine à laver, et ta maman a été la première agrégée du village.
Et maintenant, grâce à toi, nous sommes les premiers métissés."

J'ose même pas imaginer que mamie Paulette disparaisse.

Mais, hier, elle a fait un petit malaise.

dimanche

Dimanche Poétique (7))



Lettre à un jeune Poète

Une seule chose est nécessaire: la solitude.
La grande solitude intérieure. Aller en soi-même, et ne rencontrer, des heures durant, personne - c'est à cela qu'il faut parvenir.
Être seul comme l'enfant est seul quand les grandes personnes vont et viennent, mêlées à des choses qui semblent grandes à l'enfant et importantes du seul fait que les grandes personnes s'en affairent et que l'enfant ne comprend rien à ce qu'elle font.
S'il n'est pas de communion entre les hommes et vous, essayez d'être près des choses: elles ne vous abandonneront pas. Il y a encore des nuits, il y a encore des vents qui agitent les arbres et courent sur les pays.
Dans le monde des choses et celui des bêtes, tout est plein d'évènements auxquels vous pouvez prendre part.
Les enfants sont toujours comme l'enfant que vous fûtes: tristes et heureux; et si vous pensez à votre enfance, vous revivez parmi eux, parmi les enfants secrets. Les grandes personnes ne sont rien, leur dignité ne répond à rien.

es dimanches poétiques sont une initiative de Celsmoon, initiative partagée maintenant par :

Edelwe, Mango, Lepetitmouton, Abeille, Emmyne, Paradoxale, Chrestomanci, Mariel,Laurence, Ankya, Herisson08, Anjelica, Schneeweiss, George, Uhbnji, Fleur,Esmeraldae, Armande, Restling, Satya, Violette, Zik, Lystig, Amos, Bookworm,Emma, Julien...

jeudi

Si tu veux être libre...


- Cat Stevens -

If You Want to Sing Out, Sing Out
Well, if you want to sing out, sing out
And if you want to be free, be free
'Cause there's a million things to be
You know that there are
And if you want to live high, live high
And if you want to live low, live low
'Cause there's a million ways to go
You know that there are

Chorus:
You can do what you want
The opportunity's on
And if you find a new way Y
ou can do it today
You can make it all true
And you can make it undo
you see ah ah ah
its easy ah ah ah
You only need to know

Well if you want to say yes, say yes
And if you want to say no, say no
'Cause there's a million ways to go
You know that there are
And if you want to be me, be me
And if you want to be you, be you '
Cause there's a million things to do
You know that there are...


J'attends...

Je ne sais pas pourquoi, j'attends, comme si quelque chose devait se passer, mais quoi?
J'attends un coup de fil de Satya, un sourire de Vio, un clin d'oeil d'Amos.
Toujours.
Mais... là, ce n'est pas ça.
J'attends.
J'ai un peu peur, quelque chose va nous arriver, j'en suis sûre, mais quoi ?


dimanche

Dimanche poétik 6


SAISIR

Saisir, saisir le soir, la pomme et la statue,
Saisir l’ombre et le mur et le bout de la rue.

Saisir le pied, le cou de la femme couchée
Et puis ouvrir les mains. Combien d’oiseaux lachés

Combien d’oiseaux perdus qui deviennent la rue
L’ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue !

Jules Supervielle


Dimanche Poétik (5)


Mamie Paulette m'a montré les cahiers de poésie de sa mère quand elle était jeune fille. Et comme c'est l'Halloween, elle m'a conseillé de vous proposer cet extrait d'Alfred de Vigny pour le dimanche poétique :


(...)
Nous marcherons ainsi, ne laissant que notre ombre
Sur cette terre ingrate où les morts ont passé ;
Nous nous parlerons d'eux à l'heure où tout est sombre,
Où tu te plais à suivre un chemin effacé,
A rêver, appuyée aux branches incertaines,
Pleurant, comme Diane au bord de ses fontaines,
Ton amour taciturne et toujours menacé.


LES DESTINÉES : LA MAISON DU BERGER (1840-1844)



Le poème fait 336 vers, alors hein... je vous épargne les longueurs. mais ce final, ça déchire, non?